ATTENTION AUX PLAISIRS IMMEDIATS !

24/04/2020

Il est tellement plaisant de passer du temps devant son téléviseur, son ordinateur ou sur son téléphone : de sauter d'image en image sur Instagram, de faire défiler sans arrêt les publications sur Facebook, de discuter avec ses ami(e)s sur WhatsApp, de regarder des vidéos drôles sur snapchat pendant ds heures ou encore passer la moitié de la nuit à regarder les 7 saisons d'une série sur Netflix ... etc. Ceux qui sont parents connaissent le pouvoir des écrans sur leurs enfants, il suffit d'allumer la télévision, un smartphone, une tablette pour qu'ils soient captés, hypnotisés, absorbés par toutes ces images. Ces activités bien qu'agréables, identifiées ici comme des plaisirs immédiats consommés via les médias à images sont dangereuses, elles prennent et se nourrissent de la ressource la plus chère de cette vie : le temps.

La mécanique du plaisir
Dans son livre « The Pleasure Trap: Mastering the Hidden Force That Undermines Health & Happiness », le psychologue Douglas Lisle[1] nous informe que nos actions sont motivées par la triade motivationnelle : rechercher du plaisir, éviter la douleur et dépenser le moins d'énergie possible. 
Lorsque nous allons sur internet, nous ne voyons que des images et vidéos selon nos préférences, cette consommation déclenche une sensation de plaisir (amusement, divertissement, satiété), ceci est dû à la dopamine, un neurotransmetteur, qui joue plusieurs rôles dont celui de motiver, renforcer les habitudes. La dopamine est donc sécrétée pour indiquer à notre cerveau que l'activité en cours comble nos besoins de plaisir, d'économie d'énergie et d'absence de douleur. Cette information est envoyée à notre cerveau qui l'archive comme expérience à renouveler, et active le centre du plaisir appelé système de récompense/renforcement situé dans notre cerveau. Aujourd'hui, l'accès permanent aux médias à images (TV, Smartphone, réseaux sociaux, ordinateur...) détraque notre système de récompense/renforcement en stimulant en continu notre sensation de plaisir, ce qui détourne notre système de survie. 
Le danger des plaisirs immédiats 
Il est important de noter que la pratique prolongée des activités liées aux écrans stimule la même zone du cerveau que celle stimulée chez les personnes accros quand elles consomment le produit de leur addiction. Autrement dit, quand nous passons trois heures sur Instagram, nous stimulons la même zone du cerveau que l'alcoolique qui prend de l'alcool ou le drogué qui prend une dose de sa drogue préférée. Ceci explique les crises de larmes, l'agitation, l'irritabilité, les cris, les demandes répétées des enfants quand ils sont privés de leur temps de télévision, de leur jeu vidéo ou de leur tablette, cela s'apparente aux symptômes de sevrage lié à une addiction. Le fait que l'accès aux médias à images soit facilité avec l'avènement des ordinateurs et smartphones augmente l'exposition à ces sources de plaisirs immédiats. Etre très souvent présent (e) sur les réseaux sociaux par exemple, va déclencher une énorme vague de plaisir qui va stimuler de manière continue la dopamine et confirmer au cerveau que cette activité est bénéfique et indispensable pour la survie de l'utilisateur. Le cerveau étant un bon élève, chaque fois qu'il va identifier des difficultés dans la vie réelle qu'il va interpréter comme des sources de douleur, il va proposer d'aller sur facebook, continuer sa série en streaming ou de commencer une autre série sur netflix afin de contrer la douleur que pourrait provoquer les difficultés identifiées. Le piège se referme ainsi et à chaque consommation le cerveau va s'attendre à recevoir une dose de dopamine toujours plus grande que la précédente, incitant l'utilisateur à toujours passer plus de temps dans cette activité.
Les conséquences négatives des médias à images
 Faire appel constamment aux plaisirs immédiats que procure la consommation d'images entraine de nombreuses conséquences. L'une des conséquences négatives majeures réside dans le fait qu'ils nous prennent ce que nous avons de plus précieux, la seule chose que nous possédons en quantité limitée mais qui a une valeur inestimable : notre temps. Le temps que nous passons sur ces médias ou en face d'eux représente le temps prévu pour des activités productives notamment étudier, apprendre, travailler sur des dossiers, faire le ménage, la cuisine, rendre service, interagir avec nos semblables, avancer dans la réalisation de nos rêves, de nos projets, résoudre nos problèmes bref, vivre dans le réel notre vie. L'autre conséquence négative majeure est le manque de sommeil ou la mauvaise qualité du sommeil qui à elle seule facilite le surpoids, le diabète, les maladies cardiovasculaires, les problèmes digestifs et le cancer[2]. En outre, les médias à images créent la dépendance, faussent le rapport à la réalité[3], peuvent favoriser la dépression, aggraver le sentiment de solitude et d'isolement, troublent l'attention et la concentration, provoquent la fatigue chronique, la dépendance émotionnelle, le manque d'action, de progression et créent la stagnation dans la vie réelle. 
Reprendre le contrôle 
 Les écrans fascinent, procurent du plaisir immédiat sans faire le moindre effort. Comment ne pas être captif de ces plaisirs immédiats ? Il faut reprendre le contrôle de notre temps, reprendre à son compte la charge de l'éducation des enfants pour ceux qui sont parents. Contrôler son environnement, ses activités, son temps et revoir ses priorités. Concrètement, pour ne pas se laisser tenter supprimer le problème, pas d'écrans à la maison c'est ce que font les patrons de la Silicon Valley, en effet, les créateurs de High Tech, ceux-là même qui ont créé la télévision, internet, les applications, Facebook, Instagram...etc. interdisent les écrans à leurs enfants et même l'utilisation de leurs propres créations. Il faut sortir de chez soi, préférer les activités de plein air, les interactions sociales (réunions, associations), les jeux de sociétés, passer du temps en famille sans écrans.
Pour les modérés, commencer par remplacer l'écoute au visionnage, consommer des contenus qui nécessitent la participation du spectateur, limiter l'exposition des enfants à 1h d'écran par jour, privilégier les contenus interactifs nécessitant la participation des enfants, accompagner les enfants lors du visionnage.
Pour les parents qui redoutent la réaction (cris, scènes) de leurs enfants, ils doivent garder en tête qu'un enfant est un spécialiste de l'adaptation, l'enfant apprend par mimétisme. Pour que votre enfant ne soit pas addict d'écran, vous devez ne pas l'être c'est ce que l'on appelle l'éducation silencieuse. Un enfant n'a pas besoin d'écran pour se développer. Pour bien se développer, il a déjà son imagination, sa créativité en lui et il a plus besoin d'interactions, d'échanges humaine et sociale, de jouer avec ses parents, sa famille, d'espace pour exercer sa motricité, de supports réels (jouets papier, crayons, tableaux, ardoise...etc.) pour exprimer sa créativité.
Pour ceux qui se sentent addicts, toujours se poser la question de l'utilité, de la finalité, de l'importance de cette action, d'en évaluer les conséquences et prendre sa décision en connaissance de causes. Par exemple s'il est plus important de rester sur les réseaux sociaux tard dans la nuit ou de dormir au final et quel sera l'impact sur nous, sur notre vie le lendemain.
Les médias à images via leurs offres de plaisirs immédiats ont le pouvoir de faire oublier les difficultés de la vie réelle mais cette sensation de plaisir qu'ils procurent ne doit pas faire oublier qu'en réalité il s'agit de faux plaisirs.
I.G.I. 

 [2] voir études scientifiques dans la bibliographie de l'article https://www.lanutrition.fr/bien-etre/le-sommeil/5-consequences-du-manque-de-sommeil

[3] https://www.ufapec.be/nos-analyses/1010-image-dangereuse.html

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