COMMENT DÉVELOPPER LE DISCERNEMENT CHEZ NOS ENFANTS A PROPOS DES TECHNOLOGIES NUMERIQUES ?

23/04/2020
Il est vrai que nos enfants sont sans doute des experts dans les technologies. Quel parent ne vante pas auprès des autres, les compétences de son enfant de 2 ou 3 ans qui avant même de savoir parler ou marcher est capable de mettre des musiques sur un ordinateur ou déverrouiller un téléphone ? Il est très facile de ce fait de considérer la précocité technologique de nos jeunes comme un atout ou alors une caractéristique d'une intelligence supérieure. Cela n'est pas faux. Mais il est une chose qui accompagne ces technologies que ces enfants manipulent au quotidien : c'est le gain économique des producteurs. Autrement dit, ceux qui vendent des Smartphones ou qui créent des réseaux sociaux recherchent d'abord un gain financier et il serait naïf de penser que toutes ces innovations serviraient uniquement un besoin altruiste.

LES EFFETS INDUITS PAR LA TECHNOLOGIE NUMÉRIQUE

Ainsi, derrière ces fabrications se cache une minutieuse psychologie de l'appât, de l'attirance qui fait qu'un individu qui commence à utiliser un instrument technologique ou qui ouvre un compte dans un réseau social devient à la longue incapable de s'en défaire. Pour le faire, les entreprises travaillent sur le côté esthétique de leurs produits au point ou la dépendance ou l'obsession que leurs services pourraient créer chez le consommateur leur est bénéfique, pour ne pas dire qu'ils la recherchent. Des effets euphoriques, subliminaux sont donc recherchés chez les consommateurs. La contribution des psychologues est pour beaucoup dans les sensations vécues par un enfant lors d'un sevrage d'une console de jeux vidéo ou tout simplement la perte de son téléphone. On pourrait donc avoir chez une personne qui utilise régulièrement un réseau social comme Facebook, des effets semblables aux effets d'une drogue douce qui stimulerait la dopamine, hormone responsable des sensations de plaisir. Dans cette logique, la perte d'un outil fournissant ce réseau social pourrait créer une forte sensation de manque et d'anxiété qu'on observe chez des psychodépendants. L'image qu'on pourrait se faire des fabricants de ces technologies est qu'ils ont pensé à une « drogue » non défendue, qui serait utilisée par tous et qui serait même imposée par les gouvernements. La classification mondiale des produits entrainant la psychodépendance pourraient non seulement comporter des produits interdits comme les drogues, la cigarette, mais aussi les jeux vidéo, les réseaux sociaux, les smartphones.......

LA PRECOCITE TECHNOLOGIQUE NÉCESSITE UNE PRECOCITE ÉDUCATIONNELLE ET PRÉVENTIVE

Il n'est nullement question de diaboliser les avancées technologiques sans lesquels l'amélioration de nos vies, de nos rapports aux autres ne serait jamais à son niveau actuel. Il faudrait même encore la perfectionner ! Il est question plutôt de lutter pour que les sociétés en général et les enfants en particulier bénéficient des avantages de ces avancées tout en discernant ce qu'elles pourraient avoir de négatif. L'esprit de discernement dans ces avancées technologiques est donc un impératif primordial. Ceci ne devrait pas être l'émanation d'une volonté ou d'un engagement individuel, mais d'une société toute entière déterminée à produire des hommes éveillés, responsables et capables de cerner les enjeux présents et futur du numérique.

L'utilisation quasi-permanente des technologies numériques dans les maisons induit ainsi, une précocité technologique chez les tout-petits. Ce qui nécessite un questionnement en termes de capacité de pensée critique chez ceux dont l'esprit critique est encore dans un état embryonnaire. Ils sont incapables de discerner ce qui leur est utile de ce qui ne l'est pas. Ils ne peuvent s'empêcher de regarder un programme qui ne correspond pas à leur âge que s'il y'a un contrôle parental efficace.

POUR UNE EDUCATION AUX MÉDIAS

L'éducation aux médias et à l'information est donc la seule véritable arme pour permettre aux enfants de savoir ce qui est bénéfique ou pas pour eux, et ce dès le plus bas âge. Ainsi, le cadre familial est le premier niveau concerné puisque par leurs comportements, leurs restrictions, et leurs interdictions, les parents peuvent inculquer des habitudes aux enfants en faveur d'une responsabilité numérique. Ils doivent être conscient que leur attachement pour un outil technologique ou la consommation sans principe ni contrôle de toutes les messages médiatiques pourraient marquer la vie de leur enfant. Le second niveau est celui de l'état qui doit inclure comme le recommande l'UNESCO, dans le système éducatif formel, informel et non formel, des politiques éducatives orientées vers l'autonomisation des jeunes et le développement des compétences médiatiques et numériques positives. Plus précisément en initiant dès le plus jeune âge, les individus à la compréhension, le décodage et l'analyse critique des médias. Cette éducation servira à la fois de prévention contre les attaques des cybercriminels et les effets des messages pornographiques, pédophiles, violents. Radicaux, racistes dont ces enfants sont exposés quotidiennement.

Andzongo Blaise Pascal, psychologue



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