L’IMPACT DE LA DÉSINFORMATION SUR L’ADHÉSION AUX VACCINS CONTRE LA COVID-19

28/03/2021

Avant la date du 31 août 2020, 80 pays à revenu élevé ont manifesté leur intérêt à financer les vaccins à partir de leurs propres budgets publics et de s'associer aux 92 pays à revenu faible ou intermédiaire qui ont bénéficié de l'appui du système de garantie de marché (AMC). Mis ensemble, ces 172 pays représentant plus de 70% de la population mondiale ont mis en œuvre le mécanisme COVAX, qui est la seule initiative mondiale qui collabore avec les gouvernements et les fabricants pour mettre les vaccins contre la COVID-19 à la disposition du monde entier, aussi bien des pays à haut revenu que des pays à faible revenu. Dans l'objectif de fournir d'ici la fin de 2021, 2 milliards de doses de vaccins sûrs et efficaces qui ont été homologués par les organismes de régulation et/ou préqualifiés par l'OMS, l'initiative COVAX est impactée négativement par le phénomène de la désinformation véhiculé à la vitesse des réseaux sociaux.

Impact négatif de la désinformation sur la confiance aux vaccins

En dépit de l'absence d'une étude quantitative de l'impact négatif de la désinformation sur la confiance aux vaccins, de nombreuses études (Unicef, 2020 ; HAS, 2021) ont relevé une porosité entre le comportement anti-vaccinal et la décision in fine de se faire vacciner ou non. En Afrique, c'est la polémique sur l'interview télévisée en juin 2020 de deux scientifiques français, sur l'opportunité de tester de futurs vaccins en Afrique qui, est venue rompre la confiance des populations aux vaccins et dissuader toute velléité à suivre les recommandations sanitaires de se faire vacciner.

Après la diffusion de cette séquence, une déferlante de désinformation sur les vaccins s'est abattu sur le continent africain. « Cette intervention a créé une scission entre l'Afrique et l'Europe, et a donné de la matière aux ferments critiques... » déplore Valdez Onanina. Cette rupture s'est manifestement développée sur fond de scepticisme vis-à-vis des vaccins (AFP, 2021). Manifestement, la réticence aux vaccins se nourrit des infox propagées à travers les réseaux sociaux notamment Facebook, Twitter, YouTube ou WhatsApp. Selon Ayoade Alakija, « On est à un haut niveau de scepticisme ». Pour cause, la circulation prolifique de nombreux contenus préjudiciables aux vaccins. Ainsi, la campagne de vaccination contre le Covid-19 menée par des Occidentaux, qui aurait causé la mort de deux enfants en Guinée ; l'ancien président américain Barack Obama qui aurait recommandé aux Africains de ne pas se faire vacciner et le professeur marseillais Didier Raoul qui aurait déclaré que le coronavirus a été créé par les États-Unis et la Chine pour nuire aux Africains, sont là quelques cas de figure de la désinformation.

Défiance aux institutions et aux gouvernements Africains

Les prédictions apocalyptiques de l'OMS pour le continent africain qui, se sont pour l'instant avérées fausses ont attisé la méfiance des populations africaines. Le retrait des États-Unis de cette organisation accompagné par de nombreuses vidéos décrédibilisant ses actions a suscité des réticences au sein de la population africaine. La perte de confiance à l'endroit de l'institution dirigée par Tedros Adhanom s'ajoute la défiance à l'égard des gouvernements africains. Au Cameroun et dans d'autres pays de la région, chaque publication relative au Covid-19 sur les pages des réseaux sociaux des ministères de la santé charrie son lot de commentaires interrogeant les liens entre la reprise épidémique et l'arrivée d'hypothétiques vaccins. Ou affirmant, purement et simplement que la pandémie n'existe pas. C'est le cas par exemple du président Tanzanien qui, en dépit des avis sanitaires mondiaux, a déclaré que les vaccins contre le Covid-19 étaient « dangereux pour [la] santé ». Le manque de contrôle, les incertitudes et l'ignorance des gouvernements africain sur les vaccins rend vulnérable les populations face à la désinformation et alimenter une certaine défiance. C'est le cas par exemple de Xavier Mouafo, 36 ans, chauffeur de taxi à Yaoundé, interrogé par la fondation Defyhatenow, rejette l'idée de se faire vacciner. « C'est une escroquerie de la part de notre gouvernement », affirme-t-il sans ambages, « ils disent qu'il y a un coronavirus au Cameroun pour se faire de l'argent ». Pour faire face à la désinformation sur l'adhésion aux vaccins contre la Covid-19, des initiatives permanentes visant à promouvoir la transparence sont menées par l'organisation Defyhatenow et Eduk-Média.

Paul Alain ZIBI FAMA & Oli Bilias

Eduk-Média

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